Le transport intermodal : une solution entre avantages et inconvénients
Chaque transport de marchandises est planifié dans les moindres détails. Le transport par route est sans conteste le mode de transport de marchandises le plus répandu et le plus réputé sur le marché, mais les entreprises de logistique se voient contraintes d’envisager, dans la mesure du possible, d’autres solutions. Sur les parcours longue distance, le transport intermodal est l’une des alternatives les plus plébiscitées. Quelles sont ses spécificités ? Et dans quels cas est-il plus avantageux ?
Notre définition du transport intermodal
De toute évidence, le transport intermodal ou le transport combiné, implique l’utilisation de plusieurs modes de transport pour acheminer des marchandises à bon port. Néanmoins, la définition du transport intermodal revêt un sens bien plus large. Jetons un œil à la description donnée par la Terminologie en transports combinés de la Conférence Européenne des Ministres des Transports :
« Le transport intermodal est l’acheminement d’une marchandise utilisant deux modes de transport ou plus, mais dans la même unité de chargement ou le même véhicule routier, et sans empotage ni dépotage. »
En substance, l’unité de chargement utilisée est toujours la même. Lors du transbordement, cette unité de chargement ne change pas, elle est simplement transférée à un autre moyen de transport dans sa forme d’origine. Comment ?
Faisons un petit retour en arrière. Les prémices du transport intermodal remontent à la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’armée américaine commence à transporter des marchandises sur des supports en bois, les ancêtres de nos palettes actuelles, afin de faciliter leur transbordement des camions aux bateaux et avions. Ces supports permettent de transférer plus facilement et par bloc différents types de cargaisons d’un moyen de transport à un autre.
Il faudra toutefois attendre une bonne dizaine d’années avant de voir arriver la véritable révolution et la naissance du transport intermodal moderne. En 1956, l’entrepreneur américain Malcolm McLean a une idée de génie. En observant le déchargement de ses camions et le chargement des marchandises sur des bateaux, il se dit qu’il serait beaucoup plus facile et rapide de charger directement le camion tout entier. Mais charger la remorque de ses véhicules est une solution qui s’avère contreproductive ; il met très vite au point son premier conteneur.
L’idée du conteneur à elle seule ne suffit toutefois pas à résoudre les problèmes : c’est bel et bien tous les éléments du transport de marchandises qui doivent être modifiés. En 1967, l’Organisation internationale de normalisation établit un modèle standard en vue d’uniformiser tous les moyens de transport : le conteneur d’expédition ISO est né. C’est cette unité de chargement normalisée qui a rendu possible le transport intermodal tel que nous le connaissons aujourd’hui et qui le distingue des autres modes de transport ayant recours à plusieurs moyens de transport dans le cadre d’une seule et même expédition.
Une question de terminologie
On confond souvent les notions de transport intermodal et de transport multimodal. Ce dernier consiste à acheminer des marchandises à l’aide de différents moyens de transport. Contrairement au transport intermodal, le transport multimodal n’a pas recours à une unité de chargement standardisée telle que le conteneur.
Parmi les différents modes d’acheminement que propose le secteur des transports, on trouve également le transport combiné. Le transport combiné est tout simplement une forme de transport intermodal dont les parcours principaux s’effectuent par rail, voies navigables ou mer et dont les parcours par route sont les plus courts possible.
Dans la plupart des pays membres de l’UE, tout transport de marchandises est considéré comme combiné lorsque le parcours par rail ou voies navigables est supérieur à 100 km et que le parcours par route n’excède pas 150 km.
Les avantages du transport intermodal
Après avoir abordé les origines du transport intermodal, penchons-nous maintenant sur la question financière : dans quels cas est-il véritablement avantageux d’avoir recours à cette forme de transport de marchandises ? Le transport intermodal a pour principal avantage d’éviter les ruptures de charge. Les conteneurs sont en effet déchargés tels quels, sans empotage ni dépotage.
En outre, le recours à des conteneurs offre un niveau de sécurité maximal pour les marchandises transportées, car ils sont extrêmement résistants et sécurisés, notamment contre le risque de vol.
La question qui revient le plus souvent lorsque l’on envisage une solution de transport intermodal ou de transport combiné concerne le coût : ce mode de transport est-il financièrement avantageux ? On croit souvent que la multiplication des moyens de transport fait rapidement monter la facture. Mais la réalité est tout autre. Les coûts du transport routier sont plutôt instables, notamment pendant la haute saison. En moyenne, les coûts du transport ferroviaire ou maritime fluctuent beaucoup moins au cours d’une année.
De plus, le transport intermodal permet de réaliser des économies d’échelle. Quand le volume de marchandises disponible sur le marché augmente, la demande en solutions de transport intermodal augmente également. Les acteurs du secteur font alors tout pour répondre aux exigences des entreprises de logistique. En proposant leurs services à un plus grand nombre possible de clients, ils font baisser les coûts de transport par unité.
Enfin, le transport intermodal et le transport combiné renferment un aspect environnemental non négligeable. Le transport routier contribue plus que tout autre moyen de transport aux émissions de CO2. L’Union européenne s’est fixé comme objectif environnemental d’augmenter de 30 % la part du rail dans le secteur du transport de marchandises. Le transport intermodal pourrait donc jouer un rôle clé dans cette transition : respecter les objectifs européens permettrait de réduire de 55 % les émissions de CO2.
Les inconvénients du transport intermodal
Mais, revers de la médaille, le transport intermodal et le transport combiné ont aussi quelques inconvénients. Comme évoqué précédemment, il s’agit là de modes de transport adaptés aux gros volumes de marchandises et aux parcours longue distance. Pour les parcours de courte à moyenne distance, le transport routier reste le plus efficace.
Les poids lourds sont incontestablement plus flexibles, notamment lorsqu’il s’agit de respecter des délais de livraison courts. Disons-le clairement : les camions sont opérationnels en quelques secondes, tandis que les trains et les bateaux sont liés à des horaires bien précis. Ces moyens de transport ne brillent donc pas par leur flexibilité.
Autre problème du transport intermodal ou du transport combiné : le manque de capillaires. En effet, les solutions de transport intermodal sont efficaces uniquement si des terminaux et des points de transbordement sont disponibles dans telle ou telle région, et si la destination définie par le client dispose d’une liaison ferroviaire adaptée. Lorsque ces capillaires sont insuffisants, le transport routier est bien souvent la seule alternative possible.